Les frères Roux, les plus grands témoins vosgiens de la Grande Guerre – Conférence le Dimanche 10 novembre 2024 à 15h
Joseph et Jean-Louis, dit Loys, Roux, prêtres-brancardiers intègrent volontairement le 23ème régiment d’infanterie de Bourg-en-Bresse, surnommé le « régiment des photographes ». Loys est un justement excellent photographe. Il va réaliser un monumental témoignage photographique regroupé dans deux albums contenant 1919 photographies de sa campagne, de 1914 à 1922, et parallèlement tenir un monumental journal de guerre, une véritable auto-encyclopédie de la Grande Guerre des deux frères, des Vosges à l’après-guerre. Il part aussi sur les traces du frère, Joseph, mort sur les pentes du HWK en décembre 1915. Mais surtout, Loys Roux, constamment l’appareil photographique sur la poitrine, traverse le conflit en véritable reporter de guerre. Si les premiers reporters de guerre remontent à la guerre de Crimée, la grande masse des photographes de 14-18 immortalise des sujets posés (les camarades, les cantonnements ou les paysages du front ou de l’arrière, etc.), mais assez peu finalement de scènes de guerre en cours d’action, sous le feu, ou des évènements pris sur le vif. A plusieurs reprises dans son album, Loys photographie dans des conditions qui mettent sa propre vie en péril ; le souffle de la guerre se ressent dans ses images, et l’altération de la qualité des clichés témoigne parfois de ces circonstances. Par cet impressionnant corpus, les frères Roux sont parmi les plus grands témoins de la Grande Guerre.
La collaboration dans la Première Guerre mondiale, l’affaire Clémence Martin-Froment – Conférence le Lundi 11 novembre 2024 à 15h
Seuls 4,8 % du département des Vosges vont rester sous domination allemande pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale. Aussi, peu nombreux sont les témoignages de civils ayant relaté par l’écrit leur expérience de l’occupation dans les quelques 26 villages situés derrière la ligne du front des Vosges. Clémence Martin-Froment, petite bourgeoise du village tient un journal pendant la totalité du conflit, du 31 juillet 1914 au 17 novembre 1918. Mais son utilisation par la propagande allemande, via le journal collaborationniste La Gazette des Ardennes, et les poursuites engagées par les autorités françaises, après l’Armistice, contre elle, en font un parcours exceptionnel, révélant un paradigme rarement étudié pour la Grande Guerre. L’affaire Clémence Martin-Froment dévoile un personnage singulier, véritable « égérie d’une histoire oubliée ». Du régional, ce témoignage et ce parcours exceptionnel illustrent une problématique inédite de la grande Histoire de France ; la collaboration et l’épuration de la collaboration de la Première Guerre Mondiale.